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CONCLUSIONS tonalestate 2015

5 Luglio 2016 Nessun Commento

Encore une fois le thème, les interventions, les témoignages, les réflexions qui ont accompagné Tonalestate 2015 ont mis chacun de nous face à une responsabilité. Nombreux sont ceux qui ont demandé aux intervenants présents : « Qu’est-ce que je peux faire ? » ou encore ceux qui ont demandé : « Qu’est-ce que je dois faire ? » Nous avons tous besoin de découvrir le lieu adéquat où pouvoir poser ces questions.

Nous sommes en effet plongés dans un monde étouffé par l’injustice, un monde qui provoque beaucoup de souffrance injustifiée chez beaucoup de personnes qui vivent souvent loin de nous, dans des pays dont nous ignorions même l’existence ou, peut-être, dont nous avons seulement appris le nom en regardant la publicité d’une agence de voyage. Nous avons vu combien de personnes souffrent dans une langue différente de la nôtre et nous avons vu aussi que leur douleur n’a, en aucun cas, moins de valeur ou de poids que notre douleur personnelle.

La plupart de nous n’a pas subi des épreuves si dures, objectivement si dures, comme celles des réfugiés fuyant la guerre en Syrie ou comme celles des habitants de Fukusima ou des habitants des périphéries de l’Amérique Centrale, d’où nous avons entendu des personnes contraintes à vivre de rien. Nous avons entendu la douleur des mères, des pères et des jeunes qui ont dû quitter leur pays en quête de travail et qui, pour envoyer un peu d’argent à leur famille, sont prêts à risquer d’être frappés, torturés, violés et aussi tués par les policiers. Et les maîtres du monde voudraient nous convaincre que ces exilés sont des criminels seulement parce qu’ils n’ont pas les papiers en règle ou seulement parce qu’ils ne parlent pas bien notre langue ou parce qu’ils ne connaissent pas bien nos coutumes et parce qu’ils nous volent le portefeuille car ils ont besoin du pain, d’une maison, des vêtements, des livres, de l’art, du loisir, tout comme nous.

Personne parmi nous n’a probablement vu mourir de faim, de soif, de fatigue son père ou un ami, dans une fuite désespérée pour échapper à l’enfer crée par qui, après, passe son week-end en jouant au golf. Mais maintenant nous savons que des nombreuses personnes ont dû voir leurs chers mourir ainsi. Ou bien ils les ont vus disparaître : ils sont beaucoup, beaucoup trop nombreux, les desaparecidos qui gisent enterrés dans des fosses communes sur lesquels personne ne déposera jamais de fleurs.

Mais nous avons aussi vu combien de personnes s’engagent en faveur de ceux qui vivent à leurs côtés. Nous avons vu des personnes s’occuper très bien des autres, des miséreux, des affamés, des pauvres, de ceux qui sont en danger de mort, sans recevoir de médailles ni de prix de consolation. Comme nous le disions déjà il y a longtemps, ici nous avons connu personnellement des personnes qui agissent « face aux anges », sans que personne ne les encense ou les valorise. Et nous nous sommes demandés : « Où trouvent-ils la force pour sortir d’eux-mêmes et dévouer leur vie aux autres avec autant de persévérance, autant de courage et autant d’intelligence ? Dans d’autres termes, d’où naît leur profonde bonté ? »

Nous avons ressenti qu’il serait juste de les imiter dans notre vie quotidienne, en suivant leur exemple vis-à-vis des personnes qui nous entourent à l’école ou au travail, puisque dans chaque personne que nous côtoyons il y a, comme chez nous, une blessure qui demande à être soignée. Nous avons ressenti qu’il serait juste d’arrêter de perdre notre temps, de cancaner, d’exploiter, de voler, de manipuler, de convoiter, de bavarder inutilement, de faire des raisonnements de si peu de valeur. Nous avons ressenti qu’il est grand temps de changer de cap.

Si nous avons senti tout cela, c’est parce que nous avons commencé à prendre conscience du fait que notre nature nous donne l’exigence de nous intéresser aux autres et du fait que plus nous vivons cette exigence et ce devoir, plus nous nous réalisons.

« Qu’est-ce que je peux bien faire ? Moi qui ai des amis, qui ai la beauté autour de moi, qui ai la possibilité de lire des livres, qui ai du temps et qui ai aussi une certaine connaissance du fait que le mal est mal et qu’il fait du mal et que le bien est bien et qu’il fait du bien ? L’obscurité du monde devient maintenant l’obscurité de mon chemin : quelle est ma vocation ? Où suis-je appelé à vivre mon chemin de bonté ? »

Le premier pas pour répondre correctement à ces questions est de savoir que nous ne sommes pas capables d’aimer. Nous devons avoir conscience du fait que nous avons besoin d’être pris par la main par quelqu’un qui nous apprenne à aimer. Car notre amour instinctif, notre amour sentimental, notre « sensibilité pour les choses et les personnes » est inconsistante, n’a pas de durée, est incapable de surmonter la plus élémentaire des épreuves. Nous sommes en effet disposés, pour rien, pour une vanité, pour un petit gain de temps ou d’espace, à faire souffrir ceux qui se trouvent à nos côtés. Nous sommes inaptes à l’amour.

Nous devons donc permettre que quelqu’un nous apprenne que l’amour est charité. La charité en effet est la loi ultime de l’être et de la vie, est la loi suprême de l’être et de la vie. La charité ne signifie pas faire la quête. La charité signifie partager notre vie avec celle des autres. Et cette loi est préalable à toute sympathie et à toute commotion ; notre action pour les autres ne demande pas un sentiment spécial, c’est un sentiment en soi, il n’en réclame pas d’autres.

En outre, nous devons avoir très clair un autre point : la décision de partager notre vie avec celle des autres pourrait très bien ne pas donner de résultats visibles : la seule attitude qui sera véritablement visible est l’attention à la personne, la considération pour l’autre. Tout le reste peut venir ou ne pas venir. Cette urgence de changer les choses peut en effet être contaminée par le délire de toute-puissance et nous devons faire très attention à cela. Comme Brecht le disait, nous ne devons pas nous engager pour réordonner le monde, nous ne devons pas nous engager pour refaire le monde, mais nous devons nous engager pour l’aimer ou, comme le professeur Giovanni Riva nous invitait à le faire, pour ressentir une profonde préoccupation pour le monde entier.

Et si nous entreprenons ensemble ce chemin d’amour pour les autres, en nous laissant guider par ceux qui regardent les choses avec une majeure clarté, nous allons découvrir beaucoup de choses qu’à présent nous n’imaginons même pas, nous allons découvrir en effet  qu’est-ce que signifie « se réaliser », qu’est-ce que signifie « resurgir ». Il est heureux celui qui fait cela, qui met en pratique ces mots.

Et avec la promesse de nous engager ensemble pour les autres, mes chers amis, nous nous  saluons avec un joyeux ¨¡hasta siempre!”.

Merci à tous.

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